Drogues: «Il faut franchir le pas de la régulation des marchés»

Présidente de la « Commission globale sur la politique des drogues », Ruth Dreifuss regrette que la France reste à « mi-gué » avec la future création d’une amende punissant l’usage de cannabis.

En juin 2011, plusieurs anciens dirigeants internationaux, dont l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et les anciens présidents du Brésil, du Mexique et de la Colombie, réunis au sein d’une Commission globale sur la politique des drogues, constataient l’échec de la guerre mondiale contre la drogue, lancée dans les années 1970 par le président américain Richard Nixon. « Les dépenses considérables engagées pour la criminalisation et la mise en place de mesures répressives visant les producteurs, les trafiquants et les consommateurs de drogues illicites ne sont visiblement pas parvenues à freiner efficacement ni l’approvisionnement ni la consommation »écrivaient-ilsEstimant que la prohibition était contraire au droit fondamental à la vie privée, et par ailleurs contre-productive, ils préconisaient la légalisation du cannabis et la dépénalisation pour les autres drogues.

Ruth Dreifuss, le 5 octobre 2017 à Paris. © LFRuth Dreifuss, le 5 octobre 2017 à Paris. © LF

Présidente de cette commission mondiale, Ruth Dreifuss a mené pendant dix ans, à la tête du département fédéral de la santé publique suisse, une politique novatrice avec le développement de salles de consommation pour l’héroïne, la distribution de seringues et la prescription médicale d’héroïne. Elle fut également la première femme présidente de la Confédération suisse (l’organe exécutif suisse). « Toute notre politique doit être fondée sur ce principe : ne laisser personne en arrière, explique-t-elle. Tout ce qui fait obstacle à l’accès aux soins, à la prévention, à la réduction des risques, doit être éliminé. Or pour obtenir cela, il faut dépénaliser. »

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