La Commission globale appelle à la dépénalisation comme élément central de la riposte à la crise des opioïdes en Amérique du Nord

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Genève, mercredi 1 novembre 2017

La présente crise des opioïdes qui sévit en Amérique du Nord met en évidence la nécessité de disposer d’un cadre législatif bien conçu et correctement appliqué pour le contrôle des drogues.

Alors qu’une première réponse des autorités a été de se concentrer sur l’approvisionnement fourni à travers les systèmes de santé, aujourd’hui la plupart des addictions sont alimentées par le détournement des produits de leur usage médical et non par des prescriptions en faveur de patients traités pour leurs douleurs.

Les personnes dépendantes se retrouvent alors sans structures de soutien adéquates, tant au niveau de la réduction des méfaits que du traitement de la dépendance. Afin de pallier le syndrome de sevrage, nombre de consommateurs passent au marché illégal – soit en accédant à des médicaments en surnombre dans leur entourage, soit en se tournant vers l’héroïne – contribuant à l’explosion du nombre de décès dus aux surdoses.

Or les mesures médicales et sociales nécessaires pour répondre à cette épidémie de surdoses existent pour la plupart et sont bien connues. Différentes approches en matière de politiques de contrôle des drogues – menées depuis des années dans d’autres pays et centrées sur les individus, leurs droits et leurs besoins – le démontrent clairement.

Il s’agit de services de réduction des méfaits et d’une large palette de thérapies éprouvées : les programmes d’échanges de seringues, les centres de consommation supervisés, la disponibilité d’antagonistes aux opioïdes dont la naloxone, l’analyse des drogues, les traitements de substitution aux opioïdes, la prescription médicale d’héroïne, ainsi que le soutien à la réintégration professionnelle et sociale.

Il manque toutefois, notamment aux États-Unis, une réelle volonté et un engagement politique fort pour opérer les réformes législatives et réglementaires nécessaires à la mise en place de ces services de façon optimale et à grande échelle, ainsi que pour alléger le poids de la stigmatisation et de la discrimination, nées de décennies de l’hégémonie de la prohibition des drogues.

Seule la dépénalisation de la consommation de drogues et de la possession pour usage personnel permet à celles et à ceux qui ont besoin de services médicaux et sociaux d’en bénéficier aisément sans crainte de poursuites judiciaires ou de rejet sociétal. En l’absence de réformes au niveau national, l’engagement doit s’opérer de facto à l’échelon des villes et des États/Provinces, dont les autorités sont plus proches des communautés les plus touchées par l’épidémie.

La mise en œuvre de mesures de traitement et de réduction des méfaits est d’autant plus essentielle qu’une partie des décès par surdose de drogue est due à la présence de fentanyl, un opioïde synthétique très puissant, dans l’héroïne vendue illégalement.

Aussi, la Commission globale rappelle la recommandation fondamentale émise dans sa Prise de Position sur la Crise des opioïdes en Amérique du Nord, publiée le 2 octobre dernier, « d’autoriser et soutenir des projets pilotes de régulation légale des drogues actuellement illicites, y compris les opioïdes, afin de remplacer et court-circuiter les organisations criminelles, qui dominent le marché noir et en tirent profit. »