L’échec de la répression: la prohibition du cannabis ne fonctionne pas, plaide l’ex-présidente de la Suisse

GENÈVE | L’ex-présidente de la Suisse Ruth Dreifuss ne mâche pas ses mots lorsque vient le temps de donner son avis sur la répression actuelle en matière de stupéfiants, une mesure qu’elle qualifie de «stupide, contre-productive et contraire aux droits de l’homme».

La prohibition du cannabis ne fonctionne pas, plaide l’ancienne ministre fédérale qui a permis le déploiement de la plupart des politiques avant-gardistes en matière de drogue en Suisse, dont les sites d’injection supervisés créés il y a 30 ans là-bas.

L’ex-présidente de la Suisse Ruth Dreifuss

Photo d’archives AFP
L’ex-présidente de la Suisse Ruth Dreifuss

 

Celle qui est aujourd’hui à la tête de la Commission consultative en matière d’addictions, à Genève, est responsable de préparer un projet de distribution ou de vente de cannabis. Son groupe travaille en étroite collaboration avec les villes de Berne, Bâle et Zurich intéressées par l’évolution du débat public en la matière.

«La réponse répressive est inadéquate. Elle est inefficace si l’on considère le nombre de consommateurs, elle aboutit à renforcer les organisations criminelles et à rendre les consommateurs dépendants de celles-ci», déplore celle qui siège aussi à la Commission globale sur les politiques en matière de drogue.

 

Échec

«Ça ne fonctionne pas. La surpopulation carcérale est énorme, il y a des gangs partout, des homicides à cause de ces gangs, il y a un immense marché illégal qui est là. Les coûts de cette prohibition deviennent tellement importants qu’on est en train de revenir en arrière», dit-il.

«Évidemment, les études montrent que les drogues sont dangereuses, mais ça renforce notre position: il faut les contrôler», poursuit-il.

Légaliser

À ses yeux, nul doute que la réglementation non seulement du cannabis, mais de toutes les drogues se fera un jour. «J’en suis certain. Ça peut prendre 5, 50, 200 ans. Aujourd’hui, cette position, on est nombreux à la partager dans le monde – peut-être qu’on est tous des débiles –, mais on est tous persuadés de ça», statue-t-il.

Autant Mme Dreifuss que M. Savary portent d’ailleurs un œil attentif au Canada, qui promet une dépénalisation pour 2017. «Il y a plein de petites choses qui se passent dans le monde. On a un petit momentum. Les esprits changent», se réjouit le chercheur.

 

Click here to read original article at Le Journal du Québec